Maxime
C'était début novembre 2008, je n'avais pas encore de retard de règles mais au fond de moi je savais que j'étais enceinte. Le résultat de la prise de sang est à 28, c'est très bas c'est vrai mais c'est positif. Je suis tellement heureuse ! Je prends très vite rdv chez le gynéco ; la première écho est pour le 9 décembre. Ça passe très vite, on te voit : "une petite crevette" dit le gynéco. Les jours qui suivent, je ne vais pas très bien, je pleure beaucoup, "les hormones" me dit ma collègue. Je lui dis que tu seras sûrement un garçon car pour tes soeurs j'étais toujours très énervée. Le 5 janvier, je vais chez le médecin qui me met en arrêt pour dépression : j'ai le moral à zéro mais je ne sais pas trop pourquoi. C'est aussi le jour de l'écho, on te voit beaucoup mieux, tu es déjà bien formé, et là je trouve que le gynéco revient bien souvent sur ta tête. Je lui demande s'il y a un problème, il me dit que non. On en profite pour demander si tu es fille ou un garçon et là il nous répond 60/40 pour un garçon. Papa est très heureux, moi aussi d'ailleurs, je ne m'étais pas trompée. Le gynéco me dit de reprendre rdv pour une écho le 12 février, je me dis que c'est tôt par rapport à tes soeurs, et là j'ai un mauvais pressentiment : cette grossesse va très vite, j'ai vraiment la sensation que tu vas vite arriver, et le 12 pour la 3ème écho, je décide de ne pas prendre tes soeurs, juste papa et moi. Là, dès que le gynéco commence, j'entends une grande expiration et il me dit "il y a un souci" et là j'ai l'impression que tout s'écroule. Il m'explique mais je ne comprends pas, j'ai l'impression que sa voix est loin, les larmes coulent et je lui demande "mais il va avoir des séquelles ?", il me fait signe que oui. Le verdict tombe : hydrocéphalie bilatérale de 15mm de chaque côté alors que ta tête ne mesure que 44mm. Je lui demande de me confirmer que tu es bien un garçon, ce sera "MAXIME". Rdv à Lille une semaine après avec un spécialiste qui ne fait que confirmer le diagnostic précédent. Papa et moi avons décidé à contre-coeur de ne pas te faire souffrir davantage. Là, il faut attendre la décision du conseil des médecins ; ils se réunissent le mardi suivant. Tous ces jours passent et moi je te sens encore plus présent, tu bouges beaucoup, nous rencontrons après accord pour img, la neuropédiatre car on entend toujours le mot "séquelles" mais on ne sait pas vraiment quoi. C'était un moment difficile : les séquelles sont très importantes, tu seras un bébé qui ne saura pas tenir sa tête, qui ne tiendra pas assis, crises d'épilepsie, encombrement bronchique. C'est difficile d'entendre tout ça mais il le fallait, c'est une décision tellement difficile qu'il ne fallait avoir aucun doute. Il s'est passé presque 4 semaines avant le jour de l'accouchement. Je suis allée à la maternité le samedi prendre les 3 comprimés pour préparer le travail, tout le week end a été très dur, je voulais profiter de toi, des derniers moments ensemble, de tes petits coups mais bizarrement tu n'as presque pas bougé. Le lundi matin, il faut prendre le comprimé qui va déclencher l'accouchement, il est 6h09, je n'arrête pas de pleurer, j'ai le lourd sentiment de te tuer, les contractions se font vite sentir à 6h45, je n'en peux déjà plus, il faut partir à la maternité. À 8 h, je sens la poche des eaux se rompre, on m'installe vite en salle d'accouchement, on me fait la péridurale mais je continue à tout sentir mais c'est supportable, la douleur dans ma tête est bien trop forte, je dis à la sage femme que je veux te voir. À 9h30 je sens la poussée et là tu viens au monde le 9 mars 2009 sans un cri, ce dur silence qui me déchire le coeur. Elle te pose sur mon ventre et là je te vois bouger tes petits bras. Mes mots pour toi ont été "je te demande pardon, je suis désolée, ce n'est pas ce que je voulais", Je t'ai embrassé et tu t'es envolé mon ange, je t'ai gardé avec moi pendant quelques heures puis on t'a repris pour t'emmener à la morgue. Le lendemain, je t'ai changé, ton papa avait acheté un petit pyjama, et je t'ai enveloppé dans ta couverture bleue avant que tu ne partes pour l'autopsie. Mon seul regret est de ne pas avoir pu rester plus longtemps seule avec toi : j'aurais tellement aimé avoir plus de temps. Tu me manques terriblement, notre histoire a été courte mais elle ne s'oubliera jamais. Je t'aime mon ange.